
Le syndrome de l’Intestin Irritable (SII) est un trouble complexe et déroutant. Si la douleur et l’inconfort sont universellement au rendez-vous chez les personnes qui en souffrent, les symptômes, par leur diversité et intensité, s’expriment au singulier et font de chaque patient un cas unique. A défaut de traitement universel, les patients expérimentent souvent une période d’errance et de tâtonnement thérapeutique.
Car dans le traitement du SII ce qui soulage Pierre se révèle parfois inopérant chez Jacques et on comprend mieux de ce fait l’urgence de ces patients à tester différentes approches thérapeutiques, dont il est difficile de prédire celle qui fonctionnera le mieux. Ainsi, dans l’arsenal thérapeutique existant, des approches diététiques telles qu’une diète pauvre en FODMAPs ou une supplémentation en probiotiques s’avèrent efficaces dans le traitement du SII, mais les réponses à ces traitements varient en fonction des patients.
Et s’il existait désormais un moyen simple permettant de prédire la réponse de chaque patient SII à telle ou telle approche diététique ? C’est ce que vient de conclure une étude britannique conduite par le Pr. Kevin Whelan, sur 93 patients SII séparés en deux groupes.1
Pendant 4 semaines, un groupe a été soumis à une diète pauvre en FODMAPs et l’autre à une diète placebo. En complément de la diète réelle ou imaginaire, un sous-groupe des patients de chaque groupe a reçu un probiotique (Vivomixx) ou un placebo.
A l’issue de ces 4 semaines, l’analyse d’échantillons fécaux par chromatographie en phase gazeuse a permis d’identifier un profil des COV (composés organique volatiles) libérés spécifique, corrélé à la réponse des patients à la diète FODMAPs et aux probiotiques.
L’analyse des COV est en voie de révolutionner la sphère diagnostique, à l’instar de cette équipe de chercheurs Israélienne qui a identifié récemment l’empreinte volatile de 17 maladies, sur la base de l’étude de 1400 patients. Pour les patients SII, ce procédé permet d’envisager une amélioration de la prise en charge en identifiant rapidement, pour chaque patient, les pistes thérapeutiques les mieux adaptées. Rappelons que si un régime pauvre en FODMAPs présente de réels bénéfices pour certains patients SII, il occasionne également un appauvrissement des bifidobactéries dans la flore intestinale qui doit être compensé par l’apport d’un probiotique, comme le confirme une autre étude du Pr. Whelan, récemment publiée dans la revue scientifique Gastroenterology.2
Pr De Simone, A propos
1. Volatile Organic Compounds in Feces Associate With Response to Dietary Intervention in Patients With Irritable Bowel Syndrome – Megan Rossi, Raphael Aggio, Heidi M. Staudacher, Miranda C. Lomer, James O. Lindsay, Peter Irving, Chris Probert and Kevin Whelan https://doi.org/10.1016/j.cgh.2017.09.055
2. A Diet Low in FODMAPs Reduces Symptoms in Patients With Irritable Bowel Syndrome and A Probiotic Restores Bifidobacterium Species: A Randomized Controlled Trial Heidi Maria Staudacher, Miranda C. E. Lomer, Freda M. Farquharson, Petra Louis, Francesca Fava, Elena Franciosi, Matthias Scholz, Kieran M. Tuohy, James O. Lindsay, Peter M. Irving, and Kevin Whelan https://doi.org/10.1053/j.gastro.2017.06.010